BRICS en politique : définition et rôle international des BRICS

L’acronyme BRICS désigne un ensemble dont la composition a récemment évolué, bousculant les équilibres traditionnels des organisations internationales. Initialement limité à cinq pays, ce groupe a intégré en 2024 de nouveaux membres, dont l’Arabie saoudite et l’Iran, reflétant une volonté d’élargir son influence hors du cadre habituel des puissances occidentales.

L’arrivée de ces économies émergentes rebat les cartes dans le jeu des puissances mondiales. Les échanges se recomposent, les alliances s’ajustent, et le paysage politique ne ressemble plus à celui d’hier. À chaque sommet, les BRICS esquissent de nouvelles trajectoires, loin des sentiers balisés par les institutions occidentales.

Les BRICS : qui sont-ils et pourquoi ce groupe fait parler de lui ?

BRICS. Cinq lettres pour cinq pays : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Chacun impose sa présence sur la scène internationale, que ce soit par sa population, son économie ou son influence régionale. C’est en 2001 que Jim O’Neill, économiste chez Goldman Sachs, a popularisé l’acronyme, anticipant l’ascension de ces puissances capables de remodeler l’ordre mondial. Depuis, le collectif s’est installé au cœur du débat sur le développement et la répartition du pouvoir dans un monde multipolaire.

Pour mieux cerner leur rôle, voici un aperçu de la place occupée par chaque membre :

  • Chine : mastodonte démographique, deuxième économie mondiale, véritable moteur du groupe.
  • Inde : croissance rapide, immense vivier de main-d’œuvre, ambitions technologiques en hausse.
  • Russie : puissance énergétique, force militaire, trait d’union stratégique entre Europe et Asie.
  • Brésil : pilier sud-américain, géant agricole, incontournable dans l’énergie et l’alimentation.
  • Afrique du Sud : passerelle vers le continent africain, économie la plus industrialisée d’Afrique subsaharienne.

Ce qui frappe, c’est la diversité : pas de socle culturel ou institutionnel commun, mais une volonté partagée de faire contrepoids à l’influence occidentale, celle du G7 ou des institutions comme le FMI et la Banque mondiale. Ensemble, ils représentent près de 40 % de la population mondiale et défendent une approche différente de la gouvernance internationale.

Le collectif BRICS dépasse la simple alliance économique. Il sert aussi de plateforme pour repenser la définition et le rôle international des pays émergents. Les discussions sur la réforme monétaire, l’accès aux ressources ou le financement du développement témoignent de cette ambition. L’ouverture à de nouveaux membres, décidée ces derniers mois, confirme l’envie de peser toujours plus dans les grands arbitrages mondiaux.

Un club en pleine évolution : origines, élargissement et ambitions affichées

À l’origine, les BRICS sont nés d’un constat simple : le centre de gravité du pouvoir ne pouvait plus se limiter à l’axe transatlantique. Dès 2006, les premiers sommets prennent forme, posant les bases d’un dialogue régulier entre ces pays émergents. Cette dynamique s’accélère avec la création du format BRICS+, qui ouvre la porte à de nouveaux partenaires.

L’année 2023 marque un point de bascule. Le processus d’élargissement BRICS accueille l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran. L’Argentine, pourtant invitée, rebrousse chemin après le changement de cap décidé par Javier Milei. D’autres pays, Turquie, Indonésie, Nigeria, Algérie, Bangladesh, Kazakhstan, République démocratique du Congo, Chili, se tiennent prêts à tenter l’aventure. Ce mouvement traduit l’attrait du projet BRICS, qui séduit ceux en quête d’une alternative au système mené par le FMI et la Banque mondiale.

La pièce maîtresse de cette stratégie, c’est la nouvelle banque de développement, fondée en 2014 à Shanghai et présidée aujourd’hui par Dilma Rousseff. Elle symbolise la volonté des BRICS de bâtir leur propre levier financier, à l’écart des institutions occidentales. Les membres soutiennent également l’intégration de l’Union africaine au G20, affichant leur volonté d’une gouvernance mondiale plus ouverte. Malgré leurs différences, ces pays poursuivent un même objectif : rééquilibrer l’échiquier international et relâcher la prise du système monétaire hérité de la seconde moitié du XXe siècle.

Quel poids réel sur l’économie mondiale et les échanges internationaux ?

Les BRICS ne se contentent plus de discuter : leur impact se lit désormais dans les chiffres. Avec près de 42 % de la population mondiale, ils pèsent dans la croissance, la production et la consommation. En parité de pouvoir d’achat (PPA), les membres totalisent environ 32 % du PIB mondial, quand le G7 plafonne autour de 30 %. En valeur nominale, l’écart se resserre, mais la tendance s’affirme : la Chine et l’Inde mènent la marche, la Russie et le Brésil jouent sur leurs ressources, l’Afrique du Sud s’impose sur son continent.

Leur empreinte se marque aussi sur les marchés des matières premières. Les BRICS détiennent une part considérable de la production mondiale de pétrole, gaz naturel, blé, riz, soja et terres rares. La Russie domine les exportations de gaz et de blé, le Brésil s’impose sur le soja, la Chine concentre le raffinage des métaux stratégiques. Ces positions fortes se retrouvent aussi dans les flux d’investissements directs étrangers (IDE). Les échanges Sud-Sud prennent de l’ampleur et modifient la donne commerciale.

Reste le verrou du dollar américain, qui continue de dominer les transactions internationales. Les BRICS cherchent à s’en affranchir, multipliant les initiatives pour régler leurs échanges dans leurs propres monnaies. L’objectif : réduire la dépendance à la devise américaine et affirmer leur autonomie dans l’architecture financière mondiale.

Jeune analyste politique devant une carte des BRICS

BRICS et géopolitique : vers un nouvel équilibre des forces à l’échelle globale ?

La scène mondiale se recompose sous nos yeux. Les BRICS avancent leurs pions face à la domination des États-Unis, du G7 et de l’Union européenne. Animés par l’idée de multipolarité, ils défendent une place accrue pour les émergents dans des institutions comme l’ONU ou le FMI. Ce discours séduit, surtout parmi les pays qui aspirent à sortir de l’ombre des grandes puissances historiques.

Les tensions s’aiguisent sur le terrain géopolitique. La Russie, isolée sur la scène occidentale depuis l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, trouve un nouvel espace de dialogue au sein du groupe. La Chine affirme ses ambitions, tissant sa toile entre diplomatie économique et stratégie d’influence. L’Inde équilibre ses propres alliances, tandis que le Brésil et l’Afrique du Sud affrontent chacun des défis internes, sans perdre de vue leur rôle dans le collectif.

Les échanges entre membres s’orientent de plus en plus vers l’utilisation des monnaies nationales. Ce choix, loin d’être anodin, affaiblit la prééminence du dollar américain et prépare le terrain à une nouvelle architecture financière. Les BRICS placent également la transition énergétique, la lutte contre le protectionnisme et le développement durable au cœur de leurs priorités, s’imposant dans les débats sur les normes internationales à la suite de la crise sanitaire et des tensions commerciales récentes.

Pour saisir les grands axes de cette dynamique, il faut garder en tête les points suivants :

  • Multipolarité : recherche d’un équilibre qui ne soit plus centré sur l’Occident
  • Gouvernance : volonté de donner davantage de poids aux pays émergents
  • Protectionnisme : remise en cause des barrières commerciales imposées par le Nord

Le cheminement reste complexe, traversé de rivalités internes et de divergences de trajectoires. Les tensions entre la Chine et l’Inde, les différences économiques ou politiques : tout cela façonne un groupe en mouvement constant, soudé par l’intérêt mais traversé par ses propres contradictions.

La scène mondiale vibre, et les BRICS n’ont pas fini de la réinventer. Le prochain sommet pourrait bien réserver son lot de surprises, et personne ne sait encore jusqu’où ira l’onde de choc lancée par ce collectif atypique.

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